26% des 75-85 ans sont sexuellement actifs
L’âge ne gomme ni le désir, ni l’envie de plaire
Ce n’est pas parce que l’on vieillit que la sexualité s’arrête. Et les études le prouvent !
Dans les années 80 une étude sur la sexualité des seniors, réalisée par deux australiennes (Bretschneider et Mac Coy) avait fait grand bruit.
On y découvrait (avec stupeur) que 72% des hommes et 40% des femmes avaient des masturbations régulières, et que 88% des hommes ainsi que 75% des femmes continuaient à avoir des fantasmes sexuels.
Plus récemment, en 2007, l’étude américaine de Lindau montre que 83,5% des hommes et 74,4% des femmes âgés de 57 à 87 ans ont des relations sexuelles.
Cette même étude met en évidence que parmi les 75 à 85 ans, 26% déclarent être sexuellement actif.
Pourtant, pour les personnes vivant en EHPAD, leur sexualité reste un tabou et ils ne sont plus que 8 % à avoir une vie sexuelle active.
Rappelons que la sexualité peut se vivre seul.e ou avec un.e partenaire.
Ce que dit la loi
La loi ASV ( adaptation de la société au vieillissement, 2016) prévoit que :
« Les maisons de retraite médicalisées (…) sont, à la fois, des lieux de soins et de vie. [Ils] doivent être conçus de manière à mieux intégrer les souhaits de vie privée des résidents, leur intimité et leur vie sexuelle. »
A ce titre, la sexualité, rappelle l’OMS, est également un droit protégé.
La sexualité n’est pas une pathologie.
Alors qu’est ce qui coince ?
Malgré une chambre privée dans des maisons médicalisées, il est fréquent que les soignants entrent dans la chambre sans frapper.
Par ailleurs, il est rarement possible d’obtenir une chambre avec un lit suffisamment grand pour un couple. Les couples sont rarement « autorisés » à faire chambre commune.
Les manifestations de la sexualité (relation de couple ou masturbation) posent souvent problème au personnel soignant comme à l’entourage.
Pourquoi est ce si difficile d’accepter la sexualité des seniors ?
C’est souvent une question culturelle. Beaucoup de croyances associent la sexualité à la reproduction. Passé un certain âge nous n’aurions donc plus de raison d’avoir une sexualité.
Par ailleurs, la sexualité de l’autre nous interroge toujours sur notre propre sexualité. Sur notre malaise face à la sexualité de nos parents et grands parents.
Dans notre société où l’apparence et la performance sont mises en avant, la vieillesse apparaît comme repoussante, non désirable.
On s’imagine que les personnes âgées sont dans l’incapacité de faire l’amour, de ressentir du désir.
De quel droit, parce qu’une personne diminue en autonomie physique, la priverait-on de son droit à la sexualité ?
Dépassons nos propres tabous par rapport à la sexualité de nos aînés
Oui les seniors ont une vie sexuelle et affective. S’ils sont nos « vieux », nous sommes tous à un moment ou un autre le « vieux » de quelqu’un.
La liberté d’aimer n’est pas moins sacrée que la liberté de penser disait Victor Hugo.
Faisons une simple projection : imaginez vous voir votre liberté restreinte sous prétexte de votre vieillissement ?
Je ne crois pas que nous ayons une date de péremption en matière de plaisir et de liberté.
La sexualité évolue tout au long de la vie, il est évident qu’elle n’est pas la même à 20 ans qu’à 80 ans.
Néanmoins, la sexualité reste une pulsion vitale, elle apporte bien-être, reconnaissance et valorisation.
Alors faisons en sorte de bouger les lignes et briser les tabous !