Le triangle dramatique de Karpman
Lors des thérapies de couples, il m’arrive fréquemment d’observer un jeu psychologique célèbre : le triangle de Karpman.
Il s’agit d’une façon d’un mode de communication, inconscient, qui a tendance à se répéter si celui-ci n’est pas conscientisé.
Le triangle de Karpman nous offre le choix entre trois rôles bien définis, inconfortables, limitants et douloureux, générateurs de conflits. En général, nous les endossons à tour de rôle.
Ces rôles sont celui de la victime, du persécuteur et du sauveur.
Je vous propose de détailler chacun de ces rôles.
Les différents rôles
Être une victime :
La victime se sent impuissante, elle n’endosse pas ses responsabilités et va chercher à apitoyer autrui (je ne suis pas capable et on doit m’aider).
La victime est davantage tournée vers elle-même, elle compte sur les autres pour régler ses problèmes ou ceux de la société.
Être un persécuteur :
Le persécuteur va faire souffrir l’autre dans le but de canaliser ses propres peurs et douleurs. Il tente de s’imposer ouvertement (je sais mieux que les autres, je leur dis comment être et agir).
C’est quelqu’un qui agit plutôt comme un moralisateur.
Être un sauveur :
Le sauveur se prend pour un super héros, il vous aide même si vous n’avez rien demandé, pour son bien être personnel et parfois au détriment des autres (les autres ne vont pas y arriver je vais les aider, je suis indispensable).
Ces trois rôles sont douloureux et sources de conflits. Nous pouvons les interpréter tous les trois en fonction du contexte ou des personnes.
D’où vient cette théorie ?
Karpman nomme le triangle dramatique, d’après les quatre mythes développés par Eric Berne en analyse transactionnelle.
Voici ces quatre mythes :
1. J’ai le pouvoir de rendre les autre heureux (sauveur en recherche d’une victime)
2. Les autres ont le pouvoir de me rendre heureux (victime en attente d’un sauveur)
3. J’ai le pouvoir de rendre les autres malheureux (persécuteur en attente d’une victime)
4. Les autres ont le pouvoir de me rendre malheureux (victime en attente d’un persécuteur)
Rappelons ici que ces rôles sont joués de manière totalement inconscientes, ils concernent autant les hommes que les femmes, se jouent en famille, en couple, en amitié, au travail, etc.
Pourquoi c’est important de les repérer ?
Comme pour tout schéma répétitif, le repérer permet d’en prendre conscience.
Ceci permettant de prendre ses responsabilités, d’être honnête envers soi-même pour toujours plus d’authenticité.
Si un partenaire ou un interlocuteur endosse un de ces rôles, nous avons de grands risques de nous laisser embarquer dans le triangle en prenant un autre rôle. Nous allons alors passer de l’un à l’autre rôle sans trouver d’issue.
Pour repérer ces rôles, il est nécessaire dans un premier temps d’observer nos pensées, les dialogues, les interactions qui nous entourent. (Toute façon moi je n’ai jamais de chance, je fais tout et tu n’es jamais content, je sais mieux faire que toi, tu ne sais vraiment pas faire, laisse moi t’aider, etc).
Ce triangle ne présente pas d’aspect positif, il bloque la communication, est source de conflits, de frustrations, de malaises, il renforce le sentiment d’insécurité et le repli sur soi.
Répété, notamment dans le couple, il est réellement nuisible à la relation.
Comment s’en sortir ?
Déjà les repérer permet de ne pas entrer dans le triangle, ça évite d’avoir à en sortir.
Appuyer vous sur les faits, il n’y a que ça de vrai !
Cherchez à comprendre ce que l’autre vit, ce qu’il ressent.
Respectez vous ! Vos limites, vos valeurs, vos besoins sont importants, soyez affirmé et honnête.
Apprenez à mieux communiquer, éviter d’imaginer ce que l’autre pense, n’hésitez pas à demander lorsque vous ne comprenez pas, soyez le plus clair possible, prenez du recul et surtout prenez vos responsabilités.
En exprimant clairement ce que nous souhaitons ou refusons, nous permettons à l’autre d’accepter ou de refuser.
Chacun gagne en liberté et nous parvenons à des relations d’adulte à adulte.
Une fois identifiés les rôles peuvent donc évoluer.
La victime va avoir pour objectif de reprendre confiance en elle pour trouver le courage de se mettre en action et être actrice de sa vie.
Le sauveur, lui va arrêter d’anticiper pour laisser la victime trouver des solutions en autonomie. Il peut se montrer bienveillant mais ne pas faire à la place de.
Le persécuteur, développe son empathie, apprend à gérer ses émotions. Il peut exprimer son point de vue, ses idées, sans violence ni volonté d’écraser l’autre.
Vous êtes vous-même confronté.e à ce triangle ? Je vous accompagne pour (re)trouver une communication saine et bienveillante.