Famille recomposée, la cohabitation : bonne ou mauvaise idée?

Actuellement, plus d’un quart des mariages donnent lieu à des recompositions.

Ce nouveau modèle familial concerne 8% des familles en France

Pour commencer, voici la définition de la famille recomposée selon l’Insee : Une famille recomposée comprend un couple d’adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d’une famille recomposée.

Actuellement, les séparations engendrent plus de 8 % de familles recomposées en France.

Cela concernent 1,7 millions d’enfants soit presque 1/10 selon l’INSEE.

Par ailleurs, on sait que 3 adultes sur 5 élèvent ou ont élevé des beaux enfants. Cette proportion est impressionnante !

La famille recomposée est donc un vrai sujet de notre société actuelle.

Bien souvent, celle-ci est dépeinte, à la TV notamment, comme une famille idéale, parfaite, où tout ce petit monde nouvellement réuni s’entend à merveille.

On ne va pas se leurrer, dans la vraie vie c’est loin d’être une généralité.

Les défis de la cohabitation

En premier lieu, on a bien souvent envie de réussir là où on a eu l’impression d’échouer. De montrer que oui, on peut l’avoir cette famille parfaite tant rêvée !

Je me permets donc un premier conseil, éloignez vous de cette volonté de perfection ! Cette attente engendre généralement déceptions et frustrations, en plus d’une pression constante.

Vous êtes séparé.e mais vous n’avez échoué en rien. Faire le deuil de votre séparation demande du temps. La finalité est de laisser derrière vous ce qui ne vous convient plus, de garder les bons souvenirs et les belles expériences.

La vie est faite d’expériences plus ou moins réussies dont on sort toujours grandi.e.

Prendre le temps

Rien ne presse, prenez le temps de vous poser les bonnes questions.

La cohabitation est elle indispensable ? Pour des raisons matérielles par exemple ?

La norme sociétale est telle que si l’on est une famille, un couple, on « doit » habiter ensemble.

Or, vivre ensemble n’est pas si simple, et parfois le « chacun chez soi » permet de mieux vivre son couple. La cohabitation est donc un choix qui doit être réfléchi et consenti par les deux partenaires.

Précipiter les choses n’est pas nécessairement un choix judicieux et il vaut mieux respecter le rythme de chacun.

Par ailleurs, le couple fonctionne par phase, prendre le temps de vivre la passion du couple avant de s’installer ensemble peut aussi être bénéfique.

Définir les règles de vie

La cohabitation peut être source de conflits entre les enfants et au sein du nouveau couple.

Habiter ensemble en famille recomposée représente le même défi que la famille d’origine, avec cette spécificité que chacun a déjà sa propre histoire.

Il est primordial de définir, ensemble, les règles de la maison, en prenant en compte les spécificités de chaque famille.

Imaginer que tout le monde va s’adapter et s’entendre sans rien définir en amont est un leurre.

Chaque enfant arrive avec son histoire, ses besoins, son tempérament, ses blessures plus ou moins fortes en fonction de la séparation.

Et cette nouvelle fratrie recomposée peut ne pas s’aimer, s’entendre.

Le beau parent n’est pas là non plus pour se faire aimer, mais doit être respecté. Pour une meilleure harmonie, il est essentiel que les places de chacun soient définies.

Par ailleurs, le lien qui vous unit vous parent avec votre enfant, relève de l’amour absolu et inconditionnel. Ce n’est pas le cas du beau-parent avec votre enfant. Même si l’attachement et l’amour peuvent être là, le lien sera forcément différent. Et il ne s’agit pas de proposer un 2ème parent, ou un parent de remplacement.

Prévoir l’organisation

Vivre ensemble en famille recomposée peut être source de tensions d’un point de vue organisation. Pas les mêmes âges, classes, activités extrascolaires, modes de garde…

Avant de vous jeter à l’eau, il est intéressant de vous poser quelques questions. L’intendance et l’organisation doivent être planifiées et réparties de manière juste.

Cela nécessite de communiquer en amont : est ce que chacun s’occupe de ses propres enfants ? Comment est organisé le budget ? L’organisation des chambres ? Des tâches ? Quelles seront les règles de la maison ?

Cette communication est essentielle pour cohabiter au mieux.

Concernant les règles de la maison, elles peuvent être abordées en famille, pour les discuter.

Et si tout ne se passe pas comme prévu ?

En cas de deuxième union, les couples se séparent davantage.

Vous avez sauté le pas et tout ne se passe pas comme prévu ? Mieux vaut parler des tensions plutôt que les ignorer.

En effet, faire comme si tout allait bien ne fait qu’accumuler des rancoeurs et de toute façon cela finit par exploser.

Reconnaître que tout ne va pas bien est déjà une étape pour surmonter les difficultés.

Il n’existe pas vraiment de statistiques pour l’instant sur les familles recomposées, on sait simplement que les couples se séparent proportionnellement plus en cas de deuxième union.

L’intervention d’un tiers peut vous permettre d’avoir un éclairage supplémentaire et trouver des solutions.

Et si finalement c’était chacun chez soi ?

Etant concernée par cette situation, j’aimerais vous apporter mon témoignage sur ce sujet.

Je suis moi-même maman solo de 3 enfants.

Lorsque j’ai rencontré mon amoureux, lui même père de 2 enfants, nous nous sommes retrouvés avec une tribu de 5 enfants. Issue d’une famille nombreuse, je n’étais pas effrayée mais plutôt impatiente de vivre version recomposée. J’ai dû être trop bercée par « une famille formidable » que je regardais plus jeune !

Je rêvais d’une nouvelle union avec évidemment une cohabitation. Peut être pour pouvoir me prouver que je pouvais, moi aussi, y arriver à cette famille idéale !

Inconsciemment, je pense que j’avais la pression de devoir réussir à me conformer à ce que la société attend de nous.

Seulement, nous nous sommes vite rendus compte que ce n’était pas si simple. Alors au vu de l’intendance, de la fatigue et surtout des tensions qui entacheraient notre complicité, nous avons fait le choix de ne pas cohabiter.

Pour autant, cela a été un vrai deuil pour moi, autant pour l’union que la cohabitation. Cette croyance que lorsque l’on est un couple on vit ensemble était vraiment ancrée en moi.

Nous nous retrouvons tous ensemble pour partager des activités, des vacances, mais le quotidien c’est chacun chez soi !

Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir choisi de préserver notre couple en dépit des attentes sociétales.